«Nous définissons le musée archéologique comme un signal en creux, un bâtiment non pas défini par sa présence ou sa matérialité mais véritablement par son absence»
Notre projet s’inscrit dans l’épaisseur du sol. Quasiment invisible depuis le théâtre gallo-romain, le musée est en fait considéré comme l’extension du paysage picard. Il s’inscrit dans l’enchaînement des vallons et dépressions de la topographie qui forment cet horizon vagabond. Nous définissons le musée archéologique comme un signal en creux, un bâtiment non pas défini par sa présence ou sa matérialité mais véritablement par son absence. Par un jeu d’excavations et d’ouvertures du sol, le musée tente comme le champ archéologique de révéler l’invisible.
Les visiteurs découvrent le musée au cours d’une séquence qui les emmène de la partie supérieure du site vers l’entrée du musée plus bas en suivant une rampe en acier Corten. Cette rampe, dans l’axe du chemin qui mène au théâtre antique, les fait lentement glisser dans l’épaisseur du sol. Le musée est un dispositif de découverte des différents passés du site, un dispositif d’articulation du paysage avec l’histoire du lieu. Il met en scène les différentes strates du sol, du sol naturel –le paysage actuel- au sol artificiel – celui du musée – aux couches archéologiques qui s’enfoncent plus bas. Le musée est ainsi un soulèvement du sol, une poche dans ce paysage, dont la toiture filtre la lumière à l’intérieur.
La seule façade du musée, le long de la rampe d’accès, est une lame d’acier Corten qui intègre dans son épaisseur un mur de soutènement et enveloppe la galerie d’exposition du musée. L’acier Corten s’auto-patine de manière à empêcher la corrosion. Cette patine est en fait une couche d’oxydation qui protège l’acier de l’humidité de l’air. Ce matériau change de teinte au cours de sa vie et symboliquement témoigne du temps qui s’écoule. Il est installé sur une structure en acier qui s’appuie sur la structure en béton des réserves et préserve un espace pour la ventilation et fait pénétrer une lumière indirecte dans la salle d’exposition.
L’ensemble de la toiture du musée est une toiture végétalisée, qui réutilise la terre excavée du site. Elle a de multiples implications sur le bâtiment : elle permet d’augmenter l’inertie thermique du bâtiment et donc évite le refroidissement du bâtiment en hiver et le réchauffement du bâtiment en été. Elle limite ainsi les coûts de chauffage et de climatisation du bâtiment, mais aussi des objets archéologiques. Cette couverture végétale remplace en partie les isolants nécessaires en toiture, c’est aussi symboliquement un rappel aux formes de Tumulus qui ont illustré, à différentes périodes de l’histoire, la mémoire de nos ancêtres.