La scénographie de l’exposition Diaspora Africaine est basée sur la recherche d’une dissémination qui forme une unité. Cet espace s’organise le long de réseau de lignes dont les intersections créent un champ de points. Ici la notion d’environnement urbain n’est pas la simulation, mais plutôt une matrice de lignes invisibles, balisée par des points lumineux. C’est une structure primaire de l’espace qui permet une occupation de cet espace par des artistes de manière libre et variable.
Le sas, zone de transit à l’espace aseptisé, surexposé où les corps sont simplement transportés, agit sur le visiteur de manière psychologique. Long canal d’acier Inox, qui rappelle des terminaux passagers ou les infrastructures de transport, le sas est un dispositif qui génère une expérience double, à la fois sonore et visuelle. 1- C’est l’idée d’une traversée, qui est mise en scène ici, par le passage au travers d’une stratification sonore, un « soundscape » d’espaces sonores en bande que les visiteurs doivent « traverser ». Des sources sonores unidirectionnelles seront placées de chaque coté de ce canal de manière à ce que chaque pas nous fasse découvrir une fréquence sonore différente, illustrant un pays de transit. Des sources de musique à très forte directionnalité seront intégrées dans les murs de ce « passage ». 2- Par vague, l’éclairage à l’intérieur du sas s’intensifie, au point que les visiteurs soient, le temps d’un instant, légèrement aveuglés. Le plafond du sas s’éclaire comme une pulsation lumineuse au point devenir intense. Ils doivent doucement s’accoutumer à cet espace surexposé et se laisser guider par les sons, le temps de leur adaptation rétinienne. C’est un espace clinique où le corps est réduit au simple désir d’avancer et de franchir.
Le sas mène vers un espace en pénombre, espace inconnu, où les sens doivent à nouveau s’adapter, cette fois ci à l’obscurité. Le visiteur retrouve ici une capacité de perception et distingue doucement un balisage de points dans l’espace. Une matrice de diodes électroluminescentes est déployée a 3 altitudes différentes, au niveau du sol, au niveau du plafond en métal déployé du musée et à mi-hauteur de l’espace, comme un paysage triple de points dans l’espace que le visiteur perçoit dans tous les espaces de l’exposition comme un système de repérage, la trace d’une appartenance à un environnement urbain plus grand.
Ce champs de points, en continuité des colonnes/supports de l’autre exposition se transforme ici en une série de murs-écrans., tout d’abord qui délimitent des espaces ouverts pour l’introduction de l’exposition et pour la présentation de certaines œuvres de l’exposition Diaspora Africaine. Puis ce champ commence à enclore des espaces qui auront une multitude de degré d’ouverture et d’isolation à la lumière extérieure et à l’acoustique du reste de l’expo de manière à ce que chaque œuvre puisse être exposée dans un cadre adapté plus ou moins ouvert sur le reste de l’exposition. Ici le phénomène urbain est interprété comme une matrice à trois dimensions qui permet un marquage de l’espace tout en offrant une liberté d’utilisation, d’intervention et de cloisonnement ou d’ouverture de ces espaces. Ces écrans/supports contrôlent le degré d’éclairement dans chacun de ces espaces mais surtout sont des écrans acoustiques qui permettent de moduler l’isolation acoustique ou la diffusion sonore par des baffles intégrées dans leur épaisseur. Ces écrans forment des silhouettes urbaines à la fois supports de projections et d’écrans vidéo ( Times Square) ou d’intervention d’artistes à l’intérieur de l’espace ouvert qu’ils délimitent.
Au delà de la sensation de décalage des visiteurs dans l’exposition, il me semble important de penser à la « synchronisation » des œuvres cinématographiques.Il y a souvent la frustration pour les visiteurs dans des expositions d’œuvres qui implique une temporalité. C’est le cas des œuvres vidéo, et œuvres ou la notion de durée est primordiale pour son expérience. Pour éviter les frustrations d’attente, il est important de comprendre les temps propre de chaque œuvre et de pouvoir orchestrer et minuter leur découverte. Ceci permet un positionnement des œuvres homogène et intégré, où les temps sont coordonnés. (temps de pause entre deux présentations et distance de chacune entre ses œuvres) Des horloges externes électroluminescentes intégrées derrière la surface du container permettent au visiteur une meilleure expérience des films et de l’exposition… »